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les autres peuples de l’Orégon. Les chrétiens, hésitant à prendre les armes, s’entendirent traiter de « femmes » de « petits chiens qui ne savent qu’aboyer lorsque le danger menace ». Les missionnaires eux-mêmes furent dénoncés comme ennemis.

— Ils sont blancs comme les Américains, répétait le chef des Yakimas, ils n’ont tous qu’un même cœur.

Au printemps de 1858, le colonel Steptoe, à la tête d’une compagnie de dragons, arrive du Willamette pour rétablir la paix autour du fort Colville. Il fait halte dans le voisinage des Cœurs-d’Alène. Ceux-ci se croient menacés. Malgré le P. Joset, qui traite de folie leur prétention, ils jugent le moment venu de se mesurer avec les États-Unis. Fondant à l’improviste sur la petite troupe, ils tuent deux officiers et plusieurs soldats. Trop inférieurs en nombre, les Américains se retirent précipitamment, abandonnant leurs bagages et leur artillerie.

Enivrés de ce facile succès, les Indiens se croient invincibles. On n’entend plus, dans les Montagnes, que cris de guerre et menaces de vengeance.

Décidé à en finir, le gouvernement de Washington fait appel au général Harney. Celui-ci accepte le commandement des troupes, et, de nouveau, réclame comme aumônier le P. De Smet. Il sait quelle est l’influence du missionnaire auprès des Indiens ; il ne doute pas que sa médiation ne mette un terme aux hostilités.

La mission est délicate. Que penseront les Indiens, lorsqu’ils verront la robe-noire en compagnie de ceux qui viennent leur faire la guerre ?… Mais, ramener la paix dans l’Orégon, n’est-ce pas sauver les réductions ? Comptant sur le secours d’en haut, le religieux s’assure l’approbation de ses supérieurs et, immédiatement, se dispose à partir.