Afin d’éviter la traversée du désert, le général Harney avait décidé de passer par l’isthme de Panama, et d’entrer dans l’Orégon par l’embouchure du Columbia.
On quitta New-York le 20 septembre ; un mois plus tard, on était à Vancouver.
À peine débarqué, le général n’est pas peu surpris d’apprendre la soumission des Indiens. Désirant venger la défaite de Steptoe, le colonel Wright est parti de Wallawalla à la fin d’août, avec une colonne de 600 hommes. Par son habile tactique, il a, dans les premiers jours de septembre, mis en déroute les forces réunies des Cœurs-d’Alène, des Spokanes et des Kalispels. Déconcertées par cette prompte revanche, les tribus se sont empressées de faire la paix. Elles ont donné des otages, et livré, pour être pendus, les auteurs de divers assassinats commis sur les Américains.
Les Indiens étaient vaincus ; ils n’étaient point réconciliés. Les promesses du vainqueur n’avaient, ni dissipe les défiances, ni apaisé les ressentiments. Il fallait faire accepter aux tribus le fait accompli, leur ménager avec le gouvernement une loyale entente, leur assurer des garanties contre les vexations des émigrants ; sinon, la guerre pouvait, à chaque instant, recommencer.
La saison étant trop avancée pour permettre aux troupes de s’engager dans les montagnes, le P. De Smet offrit d’aller seul passer l’hiver chez les Indiens, de consolider la paix, et de revenir, au printemps, faire son rapport au général.
Le 29 octobre, il quittait Vancouver. Quatre cents milles le séparaient de la mission la plus proche, celle des Cœurs-d’Alène.