Page:Pere De Smet.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le P. De Smet ne manque pas de flétrir la conduite des émigrants. Il fait promettre aux chrétiens de n’avoir plus de commerce avec eux. D’ailleurs, assure-t-il, les États-Unis, tout en réprimant les violences des Indiens, entendent faire respecter leurs droits. Quant à reprendre les hostilités, ce serait folie. Le général Harney fait savoir aux tribus que « le gouvernement, toujours généreux envers un ennemi vaincu, est en même temps décidé à protéger ses citoyens sur tous les points du territoire, et que les Indiens n’échapperont à la mort que par l’entière soumission aux ordres qu’ils reçoivent. Les troupes qui leur ont livré bataille l’automne précédent restent cantonnées dans l’Orégon. Au moindre signe de rébellion, elles repartiront pour les Montagnes, avec ordre de ne faire aucun quartier ».[1]

Les Cœurs-d’Alène, on s’en souvient, n’avaient pris les armes qu’à l’instigation des tribus non converties, et dans le but de défendre leurs terres. Il était facile de les décider à la paix.

Mais le P. De Smet n’ignorait pas que la religion est le plus sûr moyen de dompter les cruels instincts du sauvage. Les trois mois qu’il passa à la mission furent, en grande partie, consacrés à instruire les néophytes, à ramener aux pratiques chrétiennes ceux que le contact des Blancs avait égarés.

« Le jour de Noël, écrit-il, je chantai la messe de minuit. Les Indiens, hommes, femmes et enfants, entonnèrent ensemble le Vivat Jésus, le Gloria, le Credo, avec plusieurs cantiques dans leur langue. Tous chantaient avec un accord merveilleux. Je ne saurais dire que de

  1. Cité par Chittenden et Richardson, p. 1572.