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L’échec n’avait point abattu les courages. Le Nord demandait 500 000 hommes, 500 millions de dollars ; et la guerre se prolongeait, indécise, sur tous les points du territoire. « Dieu seul, écrivait le P. De Smet deux ans après le début des hostilités, Dieu seul, dans sa miséricorde, peut mettre un terme à cette lutte désastreuse. Personne, jusqu’à présent, n’entrevoit une issue. De nombreux combats ont eu lieu, sans amener le moindre résultat définitif. Horrible guerre, où les frères doivent s’entr’égorger, où les batailles sont souvent de véritables boucheries ».[1]

Situé à la limite des États libres et des États à esclaves, le Missouri devait être le théâtre des pires excès. Le Nord et le Sud y comptaient chacun de nombreux partisans. Pas un village, pas un hameau qui ne fût divisé en deux camps. Aussi les hostilités avaient-elles éclaté partout à la fois, sans qu’il fût possible de distinguer un fait de guerre d’un assassinat.[2]

À Saint-Louis, les meurtres se multipliaient. En deux mois, on en comptait soixante-dix. Le bruit se répandit que le P. De Smet avait failli être brûlé vif ; il avait fallu

  1. À M. J. Van Jersel. — Saint-Louis, février 1863.
  2. « Vous avez lu les horreurs de la Révolution française et l’histoire des guerres civiles dans différents siècles et différents pays. Tout cela ne donne qu’une faible idée de la situation à laquelle se trouve réduit le Missouri. Ses propres enfants s’entredéchirent, brûlent et saccagent les maisons les uns des autres, tandis que l’ennemi du dehors pénètre dans l’État pour assouvir sa haine et sa soif de pillage… Le chef des rebelles vient de publier un manifeste, dans lequel il promet 200 millions de dollars de dépouilles à 50 000 brigands qui viendront se ranger sous son étendard… Voilà où la détestable Sécession a entraîné le Missouri ; et l’on n’en est encore qu’à la première page de son histoire ». (Lettre du P. De Smet à son frère François. — Saint-Louis, 4  décembre  1861).