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la force armée pour le dégager. La nouvelle était fausse. « Je ne pense pas, écrivait-il, qu’on m’en veuille jamais à ce point ».[1]

Il n’en était pas moins navré du tableau qu’il avait sous les yeux. La ville qu’il avait vu bâtir, l’université dont il avait, avec le P. Van Quickenborne, jeté les fondements, semblaient vouées à une ruine prochaine.

« IL y a quelques mois à peine, le commerce était florissant, la population augmentait tous les jours. Depuis lors, près de 40 000 habitants ont quitté Saint-Louis. Des milliers de maisons et de magasins restent sans locataires. Les propriétés foncières sont tombées à un quart de leur valeur.[2] Notre grand fleuve est bloqué. Des centaines de bateaux à vapeur sont amarrés le long des quais. Les produits des champs pourrissent dans les granges et les hangars. Le collège a ouvert ses cours avec un tiers de ses élèves. Quand et comment cela finira-t-il ? Impossible de le prévoir ».[3]

Cependant le P. De Smet ne reste pas inactif. Au plus fort de la guerre, muni d’un sauf-conduit, il traverse les lignes des belligérants pour aller, à trois reprises, visiter les tribus du Haut-Missouri, et ravitailler les missions de l’Orégon.[4] Plusieurs fois, il se rend à Washington, afin

  1. Au P. Terwecoren. — Saint-Louis, 17 février 1862.
  2. « Je connais des familles qui avaient 100 000 fr. de revenu en 1860, et qui sont réduites à moins de 10 000 ». (Lettre du P. De Smet à la supérieure générale des Sœurs de Sainte-Marie. — 1er mars 1862).
  3. À Charles et Rosalie Van Mossevelde. — Saint-Louis, 10 septembre 1861.
  4. Voir les deux chapitres suivants.