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prier pour votre bonheur, telle est ma seule occupation »[1].

Le temps n’éteignait pas l’enthousiasme des débuts. Plus d’une fois, sans doute, le jeune homme eut à réprimer les saillies de son humeur. Souvent aussi la retraite prolongée, l’observation de pratiques minutieuses, le travail incessant, mais tout intime, de l’âme qui apprend à se dominer elle-même, durent contrarier son ardente nature. Toujours néanmoins il se plie aux exigences de la règle avec une fidélité courageuse et pleine d’entrain.

Ses lettres d’alors expriment de plus en plus nettement sa physionomie morale et le caractère de sa piété.

Pierre De Smet ne semble pas s’être appliqué beaucoup à l’étude spéculative des vertus. Volontiers il eût répété la parole de Bossuet : « Malheur à la connaissance stérile, qui ne se tourne point à aimer, et se trahit elle-même » ! Sa piété, franche et sincère, n’a rien de recherché. La prière, comme l’étude, est pour lui le moyen de préparer l’action et de la rendre féconde. Il s’adresse à la Vierge Marie avec un abandon et une confiance d’enfant, lui demandant de bénir sa carrière de missionnaire. Avec quelques-uns de ses confrères, il se fait, autour de Whitemarsh, l’apôtre du Rosaire, et constate que « chaque rosaire qu’ils distribuent leur vaut presque toujours la conversion d’un protestant »[2].

Le novice a gardé l’heureuse nature qui, en Belgique, lui gagnait la sympathie de ses condisciples. On admire en lui une parfaite droiture, un bon sens exquis, une très

  1. Whitemarsh, 18 octobre 1821.
  2. Whitemarsh, 27 décembre 1822.