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Page:Pere De Smet.djvu/505

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de chants joyeux. J’étais attendri jusqu’aux larmes, en voyant quelle réception ces fils du désert, encore païens, avaient préparée à la pauvre robe-noire ».[1] On fit, selon l’usage, l’échange des cadeaux ; puis on se dirigea, bannière en tête, vers le camp, qui n’était plus éloigné que de quelques milles.

Là se trouvaient réunies près de six cents familles : Hunkpapas, Ogallalas, Pieds-Noirs, Minneconjous, etc. Le grand chef, l’Homme-aux-quatre-Cornes, partageait son autorité avec la Lune-Noire, l’Homme-sans-Cou et le Taureau-Assis.

Bientôt ce dernier allait devenir célèbre sous le nom anglais de Sitting-Bull.[2] Son courage, son éloquence, son prestige, faisaient de lui le plus redoutable des Peaux-Rouges. Il devait, non sans succès, diriger, huit ans plus tard, la suprême résistance de son peuple expirant.[3] C’est lui qui reçut le P. De Smet. Il lui avait fait préparer, au milieu du camp, une vaste loge, gardée nuit et jour par ses plus fidèles guerriers.

Épuisé par seize jours de marche, le Père demande à se reposer. Il y a autour de lui quatre mille Indiens, liés contre les Blancs par de terribles serments. Tranquille, il s’endort, sur la foi de l’hospitalité sauvage ; et, jusqu’à son réveil, la garde est debout près de ce vieillard blanc, roulé dans son manteau de jésuite. Lorsqu’il ouvre les yeux, les quatre chefs sont devant lui. Au nom de tous, Sitting-Bull prend la parole :

  1. Lettres choisies, 4e série, p. 78.
  2. Il paraît que, le jour de sa naissance, un buffle était venu s’asseoir à quelques pas de la tente où il voyait le jour. De là son nom.
  3. G. Kurth, Sitting-Bull, Bruxelles, 1879.