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— Robe-Noire, je me supporte à peine, sous le poids du sang que j’ai versé. Les Blancs ont allumé la guerre ; leurs injustices, leurs cruautés à l’égard de nos familles, le massacre ordonné par Chivington, ont fait frémir les nerfs qui me soutiennent. Je me suis levé, j’ai pris mon tomahawk, et j’ai fait aux Blancs tout le mal que j’ai pu. Aujourd’hui, tu es au milieu de nous, et, devant toi, mes bras tombent jusqu’à terre, comme morts. J’écouterai tes paroles de paix ; et, aussi méchant j’ai été pour la race des Blancs, aussi bon je serai, s’ils veulent.

D’accord avec le P. De Smet, les chefs convoquent pour le lendemain un grand conseil. La robe-noire fera entendre à tout le camp les propositions des États-Unis ; les guerriers décideront alors s’il faut envoyer au fort Rice une députation, pour traiter de la paix avec les commissaires.

Le 20 juin, de grand matin, hommes et femmes préparent le lieu de la conférence. C’est un vaste enclos circulaire, formé de peaux de buffle étendues sur des perches de sapin. En face de l’entrée, se dresse l’étendard de la Sainte Vierge ; à côté, un siège richement orné est destiné à la robe-noire.

À l’heure fixée, tous les Indiens sont rangés dans l’enceinte, et le P. De Smet, accompagné de son interprète, est solennellement introduit.

Le conseil s’ouvre par des chants et des danses, auxquels, seuls, prennent part les guerriers. Ensuite l’Homme-aux-Quatre-Cornes allume son calumet. Il le présente d’abord au Grand-Esprit, pour implorer son secours, puis au soleil, à la terre, aux quatre points cardinaux, pour les prendre à témoin des décisions du conseil. Après quoi, le calumet circule de bouche en bouche, en commençant par le P. De Smet.