Page:Pere De Smet.djvu/507

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Cette cérémonie terminée, le grand chef s’adresse au missionnaire :

— Parle, Robe-Noire, nos oreilles sont ouvertes pour entendre tes paroles.

Le Père se lève et, les mains au ciel, implore l’assistance d’en haut. Pendant près d’une heure, il expose aux Indiens les motifs de sa visite, et les invite à déposer les armes. Que peuvent-ils contre l’armée formidable des États-Unis ? Leur résistance ne fera que précipiter leur ruine. Sans doute, les Blancs ont été coupables ; mais le Grand-Père désire que tout soit oublié. Désormais, il traitera avec bonté les Peaux-Rouges. Il a promis de leur envoyer, en échange des terres occupées par les colons, des vivres et des vêtements en abondance, des instruments d’agriculture, des animaux domestiques, des hommes pour leur apprendre le travail des champs, des maîtres et des maîtresses pour instruire leurs petits enfants : tout cela, sans nouvelle cession de territoire.

— Et maintenant, s’écrie en terminant le P. De Smet, au nom du Grand-Esprit, en présence de vos chefs et de vos braves ici réunis, je vous adjure de faire taire tout ressentiment, et d’accepter la main qui vous est libéralement offerte. L’étendard que vous avez sous les yeux est l’emblème sacré de la paix. Jamais encore il n’avait été porté si loin. Je veux le laisser aux mains de vos chefs comme gage de ma sincérité, et des vœux que je forme pour le bonheur des tribus siouses.

Rien n’avait interrompu l’orateur. Quand il eut fini, la Lune-Noire se leva.

— Robe-Noire, dit-il, ta parole est claire, bonne et conforme à ta pensée. Je la garderai fidèlement dans ma mémoire. Toutefois, nos cœurs sont ulcérés, et la blessure