Page:Pere De Smet.djvu/508

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est loin d’être fermée. Une cruelle lutte a désolé et appauvri notre pays. Ce n’est pas chez nous que s’est allumée la torche de la guerre ; mais nous avons été forcés d’y prendre part, car nous aussi avions été victimes de l’injustice et de la cruauté des Blancs. Vois l’herbe de la prairie : elle est rouge de sang. Ce n’est pas le sang des buffles ni des cerfs, c’est le sang de nos frères, ou celui des Blancs immolés à notre vengeance. Le cabri, l’orignal, le chevreuil, ont quitté nos plaines, et s’éloignent de plus en plus. Ne serait-ce pas que l’odeur du sang humain les met en fuite ?

» Au mépris de tout droit, les Blancs coupent notre pays de larges routes ; ils bâtissent des forts et les arment de canons ; ils tuent notre gibier ; ils abattent nos forêts sans nous en donner la valeur. Non contents de nous ruiner, ils maltraitent et massacrent nos gens. » Nous ne voulons pas des grandes routes qui éloignent le buffle de nos terres. Ce sol nous appartient ; nous sommes déterminés à n’en pas céder une parcelle. C’est ici que sont nés et que reposent nos ancêtres ; c’est ici que nous voulons notre tombe.

» Malgré nous, nous avons été forcés de haïr les Blancs. Qu’ils nous traitent en frères, et la guerre cessera. Qu’ils restent chez eux, nous n’irons jamais les y troubler. L’idée de les voir arriver ici pour y bâtir leurs loges nous révolte ; nous sommes résolus à nous y opposer ou à mourir.

» Toi, messager de paix, tu nous fais entrevoir un meilleur avenir. Eh bien, soit ! Jetons un voile sur le passé, et qu’il soit en oubli.

» Robe-Noire, en présence de tout ce peuple, je veux l’exprimer encore ma reconnaissance pour les bonnes