Page:Pere De Smet.djvu/510

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lui présenter leurs nouveau-nés. Sans défiance, ceux-ci tendent vers lui leurs petites mains. Il les regarde avec son bon sourire, leur donne à tous une caresse, et leur pose la main sur le front. Contempler, dans un clair regard d’enfant, le reflet d’une âme candide, c’est, après tant de labeurs, son meilleur repos.

Le lendemain, avant le lever du soleil, le P. De Smet reprenait la route du fort. C’est là que les commissaires attendaient, anxieux, l’issue de son voyage. Comme à son arrivée, les chefs voulurent lui faire escorte, et ne le quittèrent qu’après qu’il eut traversé la Powder River.

Il poursuivit sa route accompagné de huit députés, choisis par le conseil, ainsi que de plusieurs guerriers. Dans la foule se trouvait un vieillard, digne émule des vertus de Pananniapapi.

Il était venu, dans le camp, serrer la main au missionnaire, et lui exprimer son bonheur de le revoir. Sur sa poitrine brillait une petite croix de cuivre.

— De qui as-tu reçu cette croix ? demande le Père.

— C’est toi, Robe-Noire, qui me l’as donnée. Voilà vingt-six neiges que je la porte sans la quitter. Elle m’a fait estimer de mon peuple. Si je suis encore vivant, c’est à elle que je le dois. À cause d’elle, le Grand-Esprit a béni mes enfants.

Le missionnaire prie l’Indien de s’expliquer.

— Autrefois, dit celui-ci, j’aimais le whisky à la folie, et m’enivrais à chaque occasion. Je venais de me livrer à une nouvelle orgie, lorsque j’eus le bonheur de te rencontrer. Tu me fis comprendre que ma conduite était un