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outrage au Maître de la vie. Depuis lors, je me suis souvent trouvé dans les mêmes occasions ; mes amis ont voulu m’entraîner ; mais, chaque fois, cette croix est venue à mon secours. Je la prenais entre mes mains, je me rappelais tes paroles, j’invoquais le Grand-Esprit : et plus jamais une goutte de whisky n’a touché mes lèvres.

Frappé de cette héroïque persévérance, le P. De Smet offre au vieillard de recevoir le baptême. Mais comment trouver le temps de l’instruire ?… Sans hésiter, l’intrépide néophyte prend son parti. Il se joint à la caravane, heureux de pouvoir, à l’heure du campement, s’approcher de la robe-noire et recevoir ses leçons. Enfin, le huitième jour, il devient chrétien, et, l’âme débordante de joie, rentre dans sa tribu.

Deux jours plus tard, le P. De Smet arrivait au fort Rice. Soldats et officiers, instruits de son succès, lui avaient préparé une réception triomphale. Des centaines d’Indiens vinrent à sa rencontre, fièrement drapés dans leurs grossiers manteaux, la chevelure ornée de plumes et de rubans de soie, le visage frotté de vermillon. L’air retentissait de cris de joie, auxquels prenaient part les députés Hunkpapas. « C’était, dit un témoin, un imposant spectacle, quoique peu en rapport avec les goûts du bon Père, qui n’aime ni le bruit des trompettes, ni l’éclat des parades ».[1]

Le 2 juillet, eut lieu le grand conseil de paix. Cinquante mille Peaux-Rouges s’y trouvaient représentés. Depuis

  1. Lettre du major général Stanley à Mgr Purcell. — Fort Sully, 12 juillet 1868.