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quitter Saint-Louis le 12 avril. On m’a réservé une place. Si je le puis, je serai heureux de partir. Je viens d’avoir une crise très aiguë ; de nouveau, je me trouve convalescent, et j’ai bon espoir ».[1]

Ceux qui entouraient le vieillard ne partageaient pas ses illusions. À peine pouvait-il sortir en voiture. Lui-même devait avouer que, « depuis son retour de Belgique, il avait vieilli de plus de dix ans ».[2]

Bientôt il fallut renoncer à l’espoir de quitter Saint-Louis. L’âme brisée de regrets, le P. De Smet voulut du moins envoyer aux Sioux l’assurance de son souvenir et la promesse de ses prières : « Je partage, disait-il à leur agent, la douleur de mes chers Indiens, qui ont été, cet hiver, cruellement éprouvés par l’épidémie, et ont perdu un grand nombre de leurs enfants. Chaque jour, je demande à Dieu d’avoir pitié d’eux, et de les prendre sous sa protection ».

C’était l’adieu du vieux missionnaire à ceux qu’il avait tant aimés.

Le printemps tardait à venir. En plein mois de mai, c’était une succession de tempêtes, d’orages accompagnés de coups de tonnerre, qui faisaient voler en éclats les vitres des bâtiments universitaires. Toujours un ciel sombre, d’où tombait, presque sans relâche, un déluge de pluie, de grêle ou de neige. Le froid était si pénétrant, qu’en maint endroit des voyageurs avaient péri. Pareille saison n’était guère favorable au malade, « Depuis sept mois, écrivait-il aux siens, je me tiens à côté de ma cheminée, et mon petit feu m’est une agréable

  1. Au major O’Connor. — 24 mars 1873.
  2. À Charles et Rosalie Van Mossevelde. — 14 février 1873.