Page:Pere De Smet.djvu/551

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

compagnie. Comme tout passe en ce bas monde, j’ose espérer un temps plus serein. J’ai résolu d’en profiter, et je vous promets, pour une autre fois, des nouvelles plus rassurantes ».[1]

Ces nouvelles seront, hélas ! les dernières qu’il fera tenir à sa famille. Comme s’il en avait le pressentiment, il se montre plus affectueux que jamais :

« Les sentiments fraternels et dévoués que vous ne cessez de m’exprimer dans vos lettres me touchent profondément, et je vous en ai la plus vive reconnaissance. Parlons clair et à cœur ouvert. Dans l’état où je suis, le grand et beau projet, qui a souvent fait l’objet de nos conversations, continue à me sourire[2] ; mais je crains que ce ne soit un château en Espagne. La raison en est que je ne vaux plus le transport. En attendant, demandons à Dieu que sa sainte volonté s’accomplisse, et rien au delà ».

Faisant ensuite allusion à une strophe que lui a adressée sa sœur Rosalie, alors âgée de soixante-seize ans, il essaie, lui aussi, d’ajuster quelques rimes. Cet innocent badinage montre, du moins, avec quelle sérénité il voit approcher sa fin.

Un dernier acte de charité précipita l’événement.

Le capitaine La Barge, intime ami du P. De Smet, devait lancer sur le Missouri un nouveau steamer, auquel il avait donné le nom du missionnaire. Il invita celui-ci à le bénir. Le malade ne voulut pas refuser cette joie à un homme qui l’avait souvent obligé dans ses

  1. À Charles et Rosalie Van Mossevelde. — 4 mai 1873.
  2. Il s’agit de la fondation projetée par M. Van Mossevelde à sa campagne de Saint-Gilles. Voir p. 520