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îlots et broussailles. Enfin, les bateaux à vapeur, qui remontaient et descendaient la rivière, obligeaient le F. Strahan, qui faisait l’office de pilote, à avoir constamment l’œil au guet.

À Louisville, on allait rencontrer les fameuses chutes de l’Ohio. Les voyageurs mirent pied à terre et chargèrent les bagages sur des chariots. Ainsi allégées, les barques furent confiées à un pilote qui connaissait la rivière. Josse Van Assche fut seul autorisé à faire avec ce dernier la descente des rapides. Les autres missionnaires devaient les rejoindre quelques milles plus loin.

Une heureuse rencontre les attendait.

L’abbé Nerinckx avait accompagné jusqu’à Louisville une colonie de Sœurs de Lorette qui partaient pour le Missouri. Pierre De Smet et ses compagnons éprouvèrent une grande joie en revoyant ce prêtre, à qui ils avaient gardé une si affectueuse vénération. De son côté, le vieux missionnaire fut ému jusqu’aux larmes. Il ne lui restait que peu de temps à vivre, mais du moins il mourrait consolé. Ceux qu’il avait gagnés à la vie apostolique allaient porter, plus loin qu’il ne l’avait pu faire, la lumière de l’Évangile.

— L’œuvre sera ardue, dit-il, mais n’oubliez pas la Providence, et la Providence ne vous oubliera pas. Jusqu’à la fin, l’abbé Nerinckx devait porter aux jeunes religieux un vif intérêt. Quelques jours avant sa mort, il ira à Florissant les visiter et encourager leurs travaux.

Cependant les deux bacs avaient heureusement franchi les rapides, et attendaient les missionnaires à Portland. On embarqua de nouveau bagages, chevaux et voiture, puis on continua la descente de l’Ohio.