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De Louisville à Schawneetown, le voyage se fit sans incident. On n’était plus qu’à quelques journées de Saint-Louis ; mais les deux bateaux seraient incapables de remonter le Mississipi : on décida de continuer la route à pied.

Le P. Van Quickenborne confia les bagages à un bateau à vapeur en partance pour Saint-Louis. Alors les missionnaires entrèrent dans le pays des Illinois. Les pluies du printemps avaient submergé les prairies. Il fallut faire soixante lieues à travers des marais, où parfois on avait de l’eau jusqu’à la ceinture. À peine rencontrait-on, de loin en loin, une ferme ou une auberge. On devait se contenter, pour la nuit, du sol battu de quelque grange, ou de quelque étable abandonnée. Encore le sommeil était-il troublé par le bourdonnement et la piqûre des moustiques.

Enfin, le samedi 31 mai, nos voyageurs arrivèrent en face de Saint-Louis. Ils étaient, avoue le P. De Smet, « exténués de fatigue ». Il y avait plus de six semaines qu’ils avaient quitté Whitemarsh. Ils avaient descendu presque en entier le cours de l’Ohio, et franchi à pied plus de quatre cents milles.

À la vue du Mississipi, dont la nappe immense s’étendait sous leurs yeux, les missionnaires se rappelèrent-ils les splendeurs du Meschacebé, « le Père des Eaux », célébré par Chateaubriand ?… Il est plus probable qu’ils se souvinrent des religieux qui avaient jadis évangélisé ces contrées, et qu’ils rendirent grâce à Dieu d’avoir été appelés à reprendre, après plus d’un siècle, l’œuvre de salut, brusquement arrêtée par la persécution.

Saint-Louis comptait alors quatre ou cinq mille habitants. Les nouveaux venus reçurent une cordiale hospitalité au collège, récemment érigé par Mgr Dubourg.