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Bientôt, nombre d’enfants se présentèrent, envoyés, les uns par des familles catholiques de Saint-Louis, les autres par le surintendant des tribus du Missouri, Quelques-uns étaient amenés par leurs propres parents.

Deux mois à peine après l’ouverture de l’école, Pierre De Smet écrivait : « Déjà deux chefs indiens, de la nation des Oyonais, nous ont donné leurs enfants à instruire. L’un de ces chefs dit en les présentant au P. Supérieur :

— Robe-Noire, voici un garçon qui est orphelin ; les autres ont perdu une mère qu’ils aimaient tendrement ; mais ils retrouveront en vous un père et une mère. En leur apprenant à connaître et à servir le Maître de la vie, vous leur procurerez tous les biens ».

Suit le portrait du personnage : « Il avait la taille d’un géant, le teint basané, les cheveux et le visage barbouillés de vermillon, à la manière des sauvages.[1] Ses oreilles étaient criblées de trous. De sa tête pendaient deux tuyaux de fer blanc, en forme de croix, remplis de plumes de différentes couleurs. Il avait une chemise verte, des culottes de peau de cerf, et, à ses genoux, des queues de chat sauvage qui, lorsqu’il marchait, s’enroulaient autour de ses jambes ».

La même lettre ajoute : « Les enfants paraissent très attentifs aux instructions qu’on leur donne. On les prépare déjà à recevoir le baptême, et il est à espérer qu’ils

  1. C’est par un abus de mots que l’on parle des « Peaux-Rouges » d’Amérique. « Aucune des peuplades du Nouveau-Monde n’a la peau de couleur rouge, à moins qu’elle ne soit peinte, ce qui arrive souvent. Même le teint rougeâtre de la peau, semblable, par exemple, à celui des Éthiopiens, ne se rencontre que chez les métis. Toutes les populations de l’Amérique offrent des nuances diverses de coloration jaune : ces nuances peuvent varier du jaune brunâtre au jaune olivâtre ou pâle ». Deniker, Les races et les peuples de la terre. Paris, 1900, p. 593.