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seront un jour les apôtres de leurs tribus. Plusieurs autres enfants sont en route pour venir à notre école. Si nous pouvons trouver des ressources, nous en recevrons plus de quatre-vingts »[1].

Bientôt se trouvèrent réunis à Florissant des enfants de sept ou huit peuplades. Outre la religion, on leur apprenait l’anglais et l’écriture. Les plus âgés étaient initiés à la culture des champs. Pour leur faire accepter un travail que les sauvages regardaient comme déshonorant, les missionnaires ne dédaignaient pas de manier eux-mêmes la pioche et la charrue[2].

Le jour viendra où des familles catholiques, ne possédant pas de collège à Saint-Louis, n’hésiteront pas à envoyer leurs propres enfants à l’école des missionnaires.

Les scolastiques de Florissant se partagèrent d’abord l’éducation des jeunes Indiens, mais le P. De Smet ne tarda pas à avoir la part principale dans la direction de

  1. À son père. — 20 août 1824.
  2. La présence des enfants à l’école permettait, dans une certaine mesure, d’atteindre les parents. « Il y a quelque temps, raconte Josse Van Assche, une troupe d’environ trente Indiens est venue nous rendre visite. Un d’entre eux, voyant son fils porter un seau d’eau, lui demanda s’il était esclave. (Ils appellent esclaves ceux qui travaillent). Mais étant restés trois jours chez nous, ces gens purent se rendre compte que leurs enfants étaient bien traités, et changèrent d’idée et de langage. Pendant ces trois jours, ils firent disparaître un de nos plus gros bœufs, et épuisèrent, à peu de chose près, toute notre provision de pommes de terre. » Le jour où arriva cette caravane, un autre Indien déclara qu’il voulait emmener son fils, et celui-ci se montra prêt à obéir. Mais au moment du départ, le père lui ayant fait réciter ses prières, ses lettres, et autres choses que l’enfant savait déjà, lui dit en ma présence : « Mon fils, vous ne partirez pas avec moi. "Vous avez ici tout ce qu’il vous faut ; vous priez matin et soir le Maître de la vie ; et nous, nous courons dans les bois comme des bêtes sauvages. Vous resterez ici, et, dans quelque temps, je reviendrai vous voir ». (Lettre à M. De Nef. — 4 déc. 1825).