Page:Pere De Smet.djvu/84

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l’établissement ; il semble même en avoir été seul chargé après la troisième année de probation.

Nul motif humain ne pouvait, certes, lui faire rechercher ce ministère. Pour qui connaît la paresse, l’inconstance et la hideuse malpropreté des sauvages, il y a, dans le continuel contact avec ces grossières natures, un héroïsme de charité dont Dieu seul sait le prix.[1] Mais rien ne devait arrêter celui qui, à peine arrivé au Missouri, écrivait à son père : « Souffrir et mourir pour le salut des âmes, c’est toute l’ambition d’un vrai missionnaire ».[2]

Les enfants, confiés par les Indiens, grandissaient. Le séjour à Florissant leur avait fait contracter l’amour du travail et l’habitude de la piété. Leur première éducation achevée, les renverrait-on dans leurs tribus, privés des secours de la religion, exposés, dans leurs propres familles, à une superstition grossière et à une révoltante immoralité ?

Les missionnaires ne pouvaient s’y résoudre. On eut vite dressé un plan d’action.

Au lieu de retourner chez eux, les jeunes gens, au sortir de l’école, épouseraient des chrétiennes de leurs tribus, élevées par les religieuses du Sacré-Cœur. Chaque famille recevrait, pour s’établir, quelques acres de terre. Ainsi les nouveaux baptisés formeraient, sous l’œil vigilant des

  1. « Nous prions beaucoup pour la conversion des Indiens et pour obtenir promptement des ouvriers, écrivait Mme Duchesne. Mais combien faut-il que ceux-ci soient morts à tout ! car rien dans ce ministère ne contente la nature. La foi seule, et l’amour de Jésus souffrant, trouvent ici leur solide entretien ». (10 juin 1824).
  2. 26 août 1823.