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l’économe du collège, moi qui, en Flandre, ne pouvais tenir un liard dans ma poche. Il me faut tout acheter. Ce n’est pas chose facile, l’argent étant si rare ici, surtout au collège, que je ne puis regarder dans ma caisse sans en voir le fond aussi uni que le creux de ma main. Avec cela, de tous côtés, on vient m’assaillir pour avoir ceci, pour avoir cela. Ne pouvant donner ce qu’on me demande, j’ai à m’entendre dire bien souvent que je suis économe dans toute la force du terme ».[1]

Les Pères de Saint-Louis n’étaient pas seuls à souffrir de la pauvreté. Le P. de Theux trouvait difficilement l’argent nécessaire à l’entretien de ses novices. Le P. Kenny, après avoir passé quelque temps dans la mission en qualité de visiteur, avouait que les résidences de Florissant et de Saint-Charles étaient « misérablement pauvres ».[2]

Les catholiques du Missouri, pour la plupart Canadiens ou Irlandais d’origine, s’étaient imposé, pour l’érection du collège, des sacrifices qu’ils ne pouvaient renouveler. On résolut de faire appel à la Belgique. Il s’agissait de recueillir des aumônes, de recruter des missionnaires, et même, s’il était possible, d’obtenir la réunion du Missouri à la province belge de la Compagnie de Jésus.

Le P. De Smet fut désigné pour retourner en Europe. Les privations endurées à Florissant, le travail sans trêve fourni à Saint-Louis, avaient peu à peu ébranlé sa robuste santé. Un séjour au pays natal lui était aussi nécessaire qu’il devait être profitable à la mission.

  1. 9 mai 1832.
  2. Lettre à M. De Nef. — Georgetown, 7 nov. 1832.