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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

quais au visage basané, vieux Turc, haut de six pieds, se tenait debout ; c’était un héritage du prince Charles qui l’avait ramené d’Ismaïl pour soigner le petit Norokos et l’avait toujours bien traité. Le prince père ne manqua pas de le prendre à son service après la mort de son fils, et Ismaïl avait pour son maître une véritable adoration.

Ne pouvant servir son pays ni venger la mort de son fils, le prince se résigna tristement à son inaction ; et, pour se distraire, il se mit avec ardeur à la rédaction de ses Mémoires militaires et sentimentaires, qui ne contiennent pas moins de trente-quatre volumes. Dès 1794 11 achevait le vingt-quatrième. L’un des premiers contient son Coup d’œil sur les jardins de l’Europe et renferme des pages exquises, car le prince de Ligne possédait au plus haut degré le sentiment de la nature, si rare à cette époque. Il écrit à ce propos à son amie, l’impératrice Catherine :

« Si Votre Majesté s’étonne de me voir occupé de foin au lieu de lauriers, c’est que cette moisson est plus aisée ; j’aurais bien voulu cependant essayer de la plus belle, tout comme un autre ; mais apparemment que je suis mort avec Jo-