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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

se retira de la coalition. C’est précisément alors que le comte partit pour Pétersbourg.

Pendant que son mari entreprenait ce voyage, Hélène voulut contribuer, dans la mesure de ses forces, à relever leur fortune abattue, et puisant une énergie nouvelle dans sa passion et dans sa force de volonté, elle appliqua toute son intelligence à des détails dont elle n’eut pas même voulu entendre parler dix ans auparavant.

Tout l’intéresse, rien n’est oublié, elle met son amour-propre à gérer des biens qui ne sont pas les siens, mais ceux de ce mari qu’elle adore. Elle n’a qu’une crainte, qu’un souci, ne pas faire assez, elle dépasse la mesure de ses forces, elle se sent épuisée ; sa santé minée par le chagrin succombe à la peine, mais tout lui est égal pourvu qu’il soit content, pourvu qu’un mot d’éloge ou de tendresse vienne la récompenser. Les détails matériels et arides dont ses lettres sont remplies deviennent touchants par le sentiment qui les dicte ; on se sent ému en voyant cette femme encore jeune, belle, pleine de grâce et de talents, s’enterrer vivante, dans une terre isolée, pour y faire le métier d’intendant.

La Pologne s’appelait autrefois le grenier du Nord ; malheureusement l’esclavage des paysans