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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Jamais Hélène n’oublie de noter sa toilette.

Les prêtres grecs qui habitaient Brody vinrent également saluer la comtesse et accomplir les cérémonies d’usage.

« J’ai été voir dans la cour, dit-elle, la bénédiction de la fontaine que les prêtres ont faite, car c’est le rite des grecs unis. J’ai donné un mouchoir gros bleu brodé en or massif pour la sainte Vierge. On m’a apporté la croix à baiser et on est venu bénir mon appartement. » Les mendiants polonais, avec leurs longues barbes et leurs anciens costumes sarmates, étaient nombreux dans les environs de Brody, et leur coutume antique, celle des gens du peuple, d’embrasser les genoux des seigneurs quand ils les rencontrent, effrayait la comtesse avant qu’elle y fût habitués.

Ces mœurs et ces coutumes nouvelles l’intéressent au début, elle les note avec soin, et Brody ne semble pas trop lui déplaire. Son mari se montre tendre et empressé, cela suffit pour embellir à ses yeux le plus affreux séjour du monde. Cependant, malgré les soins du comte pour rendre l’appartement de sa femme habitable, elle ne tarda pas à s’apercevoir que tout y était sombre et triste, les murailles humides, les tentures moi-