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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

seules, de plus la comtesse, tremblant de réveiller un souvenir mal éteint dans le cœur du comte, n’osait plus toucher à sa harpe ni à son clavecin. D’autre part, les effusions de tendresse qui suivirent la maladie d’Hélène finirent par se calmer ; elle fit trop souvent valoir son pardon et sa générosité, elle parla sans discrétion de la Karwoska aux Hoffmann, en écrivit aux Badens.

« J’ai passé la matinée chez mon mari, j’ai écrit à Fortunée, je pleurais en écrivant ; mon mari a voulu voir la lettre, il m’a fait des reproches sur ce que j’écrivais des plaintes à Fortunée, cela m’a fait pleurer plus fort ; à table je me suis disputée avec mon mari sur ce que je voulais faire venir ici ce qui est dans le jardin de Klekotow et il n’a pas eu l’air de l’approuver. »

Or, Klekolow était précisément l’habitation où l’on avait relégué la Karwoska, il était maladroit de mettre la conversation sur ce sujet.

Malgré les soins et les peines que la comtesse avait pris pour son jardin, elle n’obtint qu’un triste résultat ; les murs noirâtres et humides empêchaient l’air et le soleil de pénétrer, le sol aride se refusait à nourrir autre chose que l’herbe et la mousse, les arbustes étiolés poussaient à peine ; quelques grappes de lilas rabougris