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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

famille. Mademoiselle de Stainville avait épousé le prince Joseph de Monaco ; elle émigra avec lui et ses enfants. Rentrée à Paris sous un déguisement pour tâcher de sauver une partie de la fortune de ses filles, elle fut arrêtée deux fois, et deux fois parvint à s’évader. Mais, trahie par un domestique, on découvrit sa retraite, et le 7 thermidor elle parut devant le tribunal révolutionnaire. Une heure avant d’être appelée, un émissaire secret vint lui conseiller de se déclarer grosse afin de gagner du temps. Elle refusa de racheter sa vie par un mensonge déshonorant, car les événements l’avaient séparée de son mari depuis près d’un an. Le lendemain matin, 8 thermidor, elle fut condamnée. Au moment de monter sur la fatale charrette, elle demanda au geôlier des ciseaux pour couper quelques boucles de ses beaux cheveux blonds destinées à ses enfants, il refusa. Alors, brisant avec vivacité un carreau de vitre, elle hacha ses cheveux avec un morceau de verre, les remit à une de ses compagnes pour les faire parvenir à ses enfants ; puis, plaçant d’une main ferme un peu de rouge sur ses joues : « Je ne veux pas, dit-elle, que l’échafaud puisse me faire pâlir. » Vingt-quatre heures plus tard arrivait le 9 thermidor, elle était sauvée si