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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

courses de chevaux, leurs paris, leurs orgies et leur tenue de palefrenier. Et, ajoute le prince avec une nuance de dépit, je vais vous dire maintenant pourquoi vous êtes si sages. C’est parce que vous nous voyez trop à notre désavantage ; le matin à cheval, en voiture découverte, avec mauvais visage, lorsqu’il pleut, qu’il fait du vent ou de la poussière ; et le soir mal peignés et mal tenus pour être à la mode[1]. Autrefois, l’habit brodé sur toutes les coutures, une frisure à l’oiseau royal, dix boucles de chaque côté, de la poudre à la fleur d’orange, de la pommade de jasmin, des talons rouges, l’air grand seigneur, annonçaient celui qui cherchait à plaire. Nous ne nous montrions qu’aux bougies, après avoir brillé d’abord sur le théâtre dont les coulisses étaient encore garnies de bancs où l’on cherchait à se faire voir. Les femmes, de leur côté, se laissaient moins voir le jour. À présent que nous sommes plus laids, et que l’on attaque moins vos vertus, cela vous fait une réputation que vous ne méritez pas. »

Ces jolies pages nous ramènent à leur auteur.

  1. Peu d’années avant la Révolution, on n’eût osé paraître en bottes devant une femme. Il faut remarquer qu’elles ne recevaient les hommes qu’à dîner et le soir, sauf à la campagne.