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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

de Breteuil qui avait joué un rôlé assez actif pendant l’émigration, et qui était grand ami du prince de Ligne ; le duc de Lévis, la duchesse de Brancas, la duchesse de Mirepoix, puis la marquise de Coaslin, à laquelle la comtesse avait inspiré une véritable passion et qui brillait au premier rang à l’hôtel de la rue Caumartin.

« Madame de Coaslin, écrit Hélène, est une femme d’un esprit, d’une pénétration, d’une imagination extraordinaires, malgré son grand âge : dans sa jeunesse elle fut fort belle. Louis XV y fit attention ; elle lui céda, et ne s’en cacha point. Pendant la Révolution, entrant dans une auberge et voyant un lit affreux qui lui était destiné, elle s’écria : « Ce n’est pas là le lit de Louis XV ! » Bourette, fameux financier, homme d’esprit, la pressait de lui accorder ses bonnes grâces : dans un moment d’enthousiasme, il lui offrit un million. Madame de Coaslin persista à refuser. Bourette, désespéré, s’en retourna. Après bien des réflexions, pensant qu’un million était une somme, elle écrivit le lendemain à Bourette qu’elle se ravisait. Celui-ci lui répondit : « Ce que je vous demandais hier était d’un grand prix ; ce que vous m’offrez aujourd’hui est trop cher. »