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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Chatelet était si désolée de devoir prendre garde à son corps et voulait être si détachée des choses terrestres que lorsqu’elle allait à la garde-robe, six musiciens commençaient une musique délicieuse afin de distraire son esprit d’une chose aussi ignoble. Et, pour ne pas se blaser, elle n’entendait de la musique que dans ces moments-là. Le prince de Ligne prétendait tenir l’anecdote de Voltaire. »

La sociëté de la comtesse reflétait bien les opinions diverses qui divisaient même la noblesse : ainsi madame de Coaslin, royaliste passionnée, ne pouvait souffrir l’empereur dont elle disait tout le mal possible, tandis que madame de Coigny, qui n’avait jamais aimé les Bourbons, entre autres Marie-Antoinette, professait une admiration et un enthousiasme fanatique pour Napoléon : « Elle l’élevait au-dessus de tous les héros de l’antiquité. »

Leurs discussions, dans lesquelles cependant madame de Coigny ne manquait jamais à la déférence due à l’âge de madame de Coaslin, divertissaient tout le monde.

Hélène les notait souvent : « Hier madame de Coigny a raconté que l’empereur, parlant des théâtres, avait dit : « La Comédie-Française-est la