Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

l’acte d’annulation de l’union du comte Vincent et de la comtesse Anna n’était pas encore arrivé de Rome. Il ne put donc être signé par les deux époux qu’il séparait. Le prince-évêque, avec sa légèreté habituelle, passa outre et fit bénir le mariage de sa nièce par un prêtre de son diocèse.

Dès lors l’expédition de cet acte fut retardée indéfiniment par le manque d’argent ; on ne l’obtenait qu’au prix de sommes considérables, et le comte n’était pas en état de les verser[1].

La comtesse Anna partit pour Paris aussitôt que son fils lui fut rendu, et là, elle attendit les événements. Sa mère et ses frères habitaient la grande Pologne et ne s’occupaient guère de ce qui se passait en Ukraine. Quant à elle, toujours éprise de ce mari infidèle, connaissant son inconstance, ne voyant point arriver l’acte qui exigeait sa signature, elle imagina que la princesse de Ligne subirait le sort des autres passions du comte. Un an s’écoula sans rien de nouveau, quelle fut sa douloureuse surprise en apprenant tout à coup, par son frère, la naissance d’Alexis.

  1. Les historiens du temps affirment que les divorces étaient si fréquents en Pologne que l’argent qu’ils coûtaient formait une des branches principales du revenu de la cour de Rome.