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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

le Diable où les morts sortent de leurs tombeaux et dansent avec les vivants… À la lettre, la tête en tournait[1]. »

La présence de madame de Staël vint ajouter encore à l’animation de l’hôtel de Ligne. Exilée de Paris par l’empereur, elle arriva à l’automne de 1807, amenant son fils aîné à Vienne pour apprendre l’allemand et achever son éducation. Son premier soin fut de le présenter au prince de Ligne : « Prince, lui dit-elle, je viens chez vous mettre mon fils à l’école du génie. — IL y était en naissant, madame, » répondit galamment le prince.

Malgré cette réponse courtoise, nous devons avouer que le prince était médiocrement prévenu en faveur de l’auteur de Corinne. Son exaltation, ses gestes dramatiques, la tournure tout à fait moderne de son esprit lui étaient antipathiques. Il avait vu madame Necker à Paris avant la Révolution et l’avait peu goûtée ; M. Necker l’avait prodigieusement ennuyé et l’ambassadrice de Suède ne lui avait laissé d’autre souvenir « que celui d’une femme laide faisant des phrases et de la politique ». Il fallut toute l’aménité de son

  1. Notes du comte François Potocki, et Études de philologie du comte Ouvaroff.