Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
465
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

tout ce qu’il y avait de plus aimable était rassemblé. J’ai vu les voyages magnifiques de l’Isle-Adam ; j’ai vu les délices du Petit-Trianon, les promenades sur la Terrasse, les musiques de l’Orangerie, les magnificences de Fontainebleau, les chasses de Saint-Hubert et de Choisy. Et j’ai vu tout décliner et périr ! »

Parfois ces retours vers le passé lui inspiraient une mélancolie qui nous a valu cette page exquise :

« Les souvenirs ! on les appelle doux et tendres : de telle façon qu’ils soient, je les déclare durs et amers ! Guerre, amour, succès d’autrefois, vous empoisonnez notre présent. J’étais victorieux, aimé et jeune !… j’étais là, dit-on, le soir de cette fameuse bataille… Ici, elle me serra la main… Mes soldats, société d’honnêtes gens plus purs et plus délicats que les gens du monde, m’adoraient ; mes paysans me bénissaient, mes arbres croissaient, ce que j’aimais était encore au monde ! et on se trouve si loin, si loin, de ces beaux moments qui ont passé si vile, et qu’une chanson qu’on a entendue alors, un arbre au pied duquel on était assis, rappellent en faisant fondre en larmes. Oh ! mémoire ! mémoire ! Elle revenait quelquefois au duc de Marlborough tombé en