enfance et jouant avec ses pages. Un jour qu’un de ses portraits, devant lequel il passa, la lui rendit, il arrosa de pleurs les mains qu’il pressait sur son visage[1]. »
En 1812, le prince avait tracé sur un mur de son refuge, au Leopoldsberg, ce quatrain, le plus joli qui soit sorti de sa plume :
Adieu, fortune, honneurs ! adieu, vous et les vôtres
Je viens ici vous oublier.
Adieu, toi-même, amour, bien plus que tous les autres
Difficile à congédier.
Ce renoncement était-il sans appel ? S’il faut en croire Sidonie et son mari, leur grand-père n’avait pas abdiqué tout à fait ses prétentions à plaire et, en 1813, il faisait encore une cour assidue à une jeune et jolie princesse, qui accueillait ses soins de fort bonne grâce.
Il avoue lui-même qu’il aimait encore assez « à faire le beau, dans les rues de Vienne, à cheval derrière la voiture de l’empereur, aux grandes cérémonies où je remplace le Grand-Chambellan.
- ↑ Sainte-Beuve, après avoir cité cette page délicieuse, s’écrie : « Accents échappés du cœur ! voix de la nature ! pourquoi l’aimable prince ne se les accorde-t-il que si rarement ? » Le grand critique ne connaissait évidemment pas les fragments inédits des Mémoires du prince de Ligne, publiés depuis, ni les lettres adressées au prince Charles.