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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Le maréchal faisait constamment des projets ; il voulait revoir son cher Bel-Œil, et les champs de bataille où il avait combattu. Les souvenirs loinlains assiégeaient en foule son esprit ; il parlait du Lemps où, petit enfant, grimpé sur les genoux des vieux dragons du régiment de son père, il écoutait avec délices le récit des batailles du prince Eugène. On voyait renaître son amour pour la gloire, il semblait que son esprit, prêt à s’envoler, voulût contempler encore les tableaux qui l’avaient charmé pendant sa vie.

Dans la nuit du deuxième au troisième jour, la maladie fit des progrès effrayants, et lorsque le docteur entra le matin, le prince lui dit : « J’avais toujours admiré la fin de Pétrone qui mourut en entendant une musique admirable et de beaux vers. Eh bien, je suis plus heureux que lui, je meurs entouré de mes amis et dans les bras de ceux que j’aime. Si je n’ai plus de force, pour vivre, dit-il en se tournant vers eux, j’en ai encore pour vous aimer. »

À ces mots, ses filles fondirent en larmes en lui baisant les mains. « Que faites-vous donc, mes enfants, dit-il gaiement, me prenez-vous pour une relique ? Attendez un peu, je ne suis pas encore saint ! » Cette plaisanterie émut les assis-