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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

» J’ai passé hier une soirée très agréable chez madame d’Andlau ; à présent on se réunit volontiers selon les quartiers qu’on habite et l’on ne vit guère qu’avec sa famille et ses voisins ; chez madame d’Andlau, c’est la société du faubourg Saint-Honoré.

» Les étrangers ne vont que chez la duchesse de Duras et dans les maisons du gouvernement, mais aucun n’est reçu dans les petites réunions. Même chez sa sœur, madame de Montcalm, M. de Richelieu, qui y est toujours, n’y a point introduit de Russes[1].

» Il n’y a pas de société où l’on ne fronde le gouvernement, cet inconvénient est causé par la trop grande bonté du roi et par l’extrême liberté de dire, faire et écrire tout ce qui passe par la tête.

» Je suis avec ton passeport comme l’avare avec son trésor, je ne sais à qui le confier pour qu’il te parvienne sûrement : je crois qu’il faudra une compagnie d’assurance pour me décider.

» Adieu, mon cher Vincent, je n’ai pas besoin de te dire que je t’aime, car j’ai passé ma vie à te le prouver. »

  1. Le duc de Richelieu, étant comte de Chinon, servit dans l’armée russe ; plus tard il fut nommé par Alexandre gouverneur d’Odessa.