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LE ROMAN DE MIRAUT

ton autoritaire et s’adressant à son mari, que tu ne vas pas garder plus longtemps un vorace comme celui-là qui se met aux poules. Nous n’en avons pas les moyens.

— Il faut voir, atermoya Lisée, je vais d’abord le corriger. Et suivi de Philomen, mis au courant de la situation, ils pénètrent dans la remise où était attaché le chien.

Le pauvre animal, qui avait été fabuleusement rossé, n’osa même point se lever à l’approche des deux hommes. Craintif, le poil tout hérissé, if battait lentement son fouet, la tête aplatie sur la paille, les regardant d’un œil rouge et chargé d’angoisse.

Philomen qui l’examinait attentivement coupa la parole à Lisée qui allait gronder et tempêter :

— Mais il est vide comme un sifflet, ce chien, constata-t-il ! Il n’a sûrement pas bouffé depuis hier au soir.

— Cré nom de Dieu ! c’est pourtant vrai, jura Lisée à son tour. Ah, la sacrée vache ! Laisser une bête avoir faim ! Ça n’est pas étonnant qu’il coure les poules s’il n’a rien dans le cornet depuis vingt-quatre heures. Et voilà, c’est la faute du chien ! Attends un peu !

Ils rentrèrent à la cuisine.

— Me dirais-tu bien quelle espèce de soupe le chien a mangée, aujourd’hui !