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LE ROMAN DE MIRAUT

une vague mucosité incolore comme une salive trop épaisse.

— Nom de Dieu de nom de Dieu ! mâchonna Lisée. Voilà que ça y est ! Pourvu que ce ne soit pas trop grave et qu’il n’en crève pas ! Miraut mangea tout de même la moitié de sa terrine de soupe à laquelle le braconnier avait ajouté, pour la rendre meilleure, un peu de lait ; ensuite il ne chercha point, comme d’ordinaire, à gagner la rue, mais s’en vint lentement, le poil légèrement hérissé et rèche, se coucher en rond derrière le poêle allumé de la chambre.

Le lendemain, le nez coulait plus abondamment, les yeux devenaient chassieux, et l’appétit disparaissait avec la-fièvre qui l’avait envahi : bien que la température fût douce, Miraut grelottait.

Le maître essaya de lui faire avaler de la fleur de soufre dans du lait : le chien, presque à contre cœur, but le lait, mais laissa au fond de l’assiette la poussière jaune.

Alors Lisée chercha à se rappeler les vieux remèdes usités en pareille circonstance : il en connaissait plusieurs et commença par se rendre chez le cordonnier Julot qui lui prépara un emplâtre de poix. Revenu au logis, il rasa le derrière du crâne de Miraut sous l’os pointu qui fait saillie au-dessus des vertèbres cervicales