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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/146

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et appliqua l’emplâtre qui adhéra aussitôt. On dit que ça les guérit, avait reconnu Julot ; en tout cas c’est bien à ton service et si ça ne lui fait pas de bien, ça ne peut pas non plus lui faire grand mal.

Mais la poix n’opéra guère. Miraut maigrissait, souffrait, paraissait de plus en plus lent et triste. Son museau toujours frais devenait chaud, sa langue sèche ; il ventait, disait Lisée, c’est-à-dire respirait comme un soufflet violemment pressé. Et il avait toujours froid. De temps en temps, il se levait douloureusement de son sac de toile, venait poser ses pattes sur la platine du fourneau, le poitrail devant le feu et là, triste comme un petit enfant malade, il laissait pencher sa pauvre tête dolente de côté, tandis que ses yeux rouges, troubles et perdus vaguaient dans le vide ou fixaient les choses sans les voir.

Il eut des constipations opiniâtres, puis des diarrhées épuisantes et passait presque toutes les heures, immobile, couché en rond, serré sur lui-même, les muscles contractés par un perpétuel grelottement, l’échine rugueuse, comme un petit vieux maniaque qui craint tout des hommes et des choses. Puis ce fut la complète indifférence et rien ne pouvait le tirer de sa somnolence ou de son marasme Mitis et Monte’ et la vieille Mique, le voyant affaissé et souffrant,