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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/151

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LE ROMAN DE MIRAUT

Kalaie, paysan aisé et rieur, examina le chien, auquel il fit dresser aussitôt un petit matelas sous le poêle de la cuisine ; ensuite il offrit la goutte aux deux visiteurs et parla de la pluie et du beau temps et des semailles et des engrais et de la politique. Étant bon catholique et pratiquant il n’était pas d’accord avec Lisée, mais ce n’était point une raison pour mal soigner Miraut qui, lui, n’était pas socialiste, ni réactionnaire et n’avait pas, heureusement, d’opinions touchant la séparation des Églises et de l’État. La discussion fut donc courtoise : on tomba d’accord sur un point : que tous les députés et sénateurs, radicaux comme cléricaux, n’étaient que des menteurs et des fripouilles, et sur cette conclusion qui marquait leur bon sens et leur rectitude d’esprit on se sépara en se serrant la main

— Tu viendras le chercher dans neuf jours, fixa Kalaie, et tu n’auras pas besoin de prendre une voiture pour l’emmener, il pourra marcher tout seul, je te le promets.

Lisée, plein de craintes et d’espérances, retourna à Longeverne où la semaine lui parut démesurément longue.

Soit que l’éruption cutanée eût été un heureux dérivatif, soit en effet que le remède de Kalaie fût vraiment souverain, au bout de la huitaine,