Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant l’ouverture approchait. Les munilions commandées étaient arrivées à bon port, comme on dit, et les deux chasseurs en avaient fait le partage tout en se communiquant, pour la cinquantième fois peut-être, leur recette particulière concernant le chargement des cartouches.

La demande de permis venait d’être envoyée & la sous-préfecture par les soins de Jean, le secrétaire de mairie. Lisée avait fait prendre auparavant chez le percepteur le reçu de vingt-huit francs, ce qui provoqua devant Blénoir, le facteur, une scène de ménage terrible, d’ailleurs prévue depuis longtemps et à laquelle les deux hommes ne prêtèrent que l’attention qu’elle méritait. Et puis, la veille du grand jour, devant Miraut bien en forme, le braconnier, très loquace et débordant de joie, confectionna ses cartouches.

Le fusil du père Denis, dûment dégraissé et astiqué, avait été décroché de la panoplie où il trônait parmi trois vieux sabres de pompiers ou de gardes-nationaux, un couteau… arabe ou turc qui avait été sans doute fabriqué au petit Battant ou à Rivotte, faubourgs de Besançon, afin d’éviter d’inutiles frais de transport, un chassepot (souvenir des désastres) et deux vieilles carabines simples, l’une à pierre, l’autre à piston,