Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/20

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mais j’avais plus le temps d’attendre et on s’en est revenu à Longeverne les deux, la vieille.

— Il n’était pas saoul, Lisée, quand tu l’as quitté ? s’inquiéta la Guélotte.

— Oh, ça non ! j’en suis sûr. Il n’était pas à jeun, bien entendu, on avait bu un litre ou deux, mais, pour dire qu’il était saoul, non, on ne peut pas dire qu’il était saoul !

— C’est que j’ai rien que peur qu’il n’ait encore fait des bêtises.

— Quoi ! Quelles bêtises veux-tu qu’il fasse ?

— Sait-on ? Les hommes saouls !…

Asseyez-vous toujours un moment. Il ne va sans doute pas tarder de rentrer. Vous prendrez bien une tasse de café ou une goutte ?

— On prendra une petite larme, histoire de trinquer.

La femme de Philomen s’assit sur le canapé, près de la Mique qu’elle caressa, tandis que son mari se mettait à califourchon sur une chaise.

Lentement il nettoya sa pipe dont il taqua le fourneau contre le dossier du siège, puis extirpant de sa poche de pantalon une vessie de cochon séchée et bordée de tresse noire contenant son tabac, il bourra méthodiquement et avec le plus grand soin son brûle-gueule. Il trouva dans une poche de son gilet deux allumettes de contrebande, collées l’une à l’autre,