Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/21

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les sépara, en frotta une contre sa cuisse, et alluma, affirmant son profond mépris du fisc :

— Vive la régie de Vercel ! Si on n’avait pas celles-là pour enflammer celles du Gouvernement, on pourrait bien se brosser pour avoir du feu.

Sa femme, durant ce temps, s’inquiétait de la façon dont pondaient les poussines de la Guélotte et du nombre de petits qu’avait fait sa grosse mère lapine.

Philomen tirait des bouffées régulières de sa pipe. Le poêle ronflait doucement, les minutes coulaient comme une onde monotone, rien ne bougeait au dehors.

Dans son papotage avec la voisine, la Guélotte, excitée, oubliait un peu que les aiguilles de l’horloge tournaient.

Quand son culot, trois fois rallumé, s’éteignit définitivement, que son verre fut vide, les dix coups de dix heures sonnèrent, et Philomen, frappant deux claques sur ses cuisses, se leva.

— Dix heures, s’exclama-t-il ! Qu’est-ce que ce sacré Lisée peut bien foutre ? Allons, il est temps d’aller au lit. Demain, la charrue nous attend : nous avons une « planche » à lever et le travail ne se fait pas tout seul ; mais on reviendra sur le coup de midi pour voir ton petit cochon.

— Vous en verrez deux, répondit la Guélotte