Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/230

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ce qu’il fût recueilli par son fidèle camarade.

Narcisse lui serra la main avec effusion. C’est toujours une joie pour deux chasseurs de se rencontrer lorsqu’ils n’ont, comme c’était le cas, aucune raison de se jalouser l’un l’autre.

— Attends, proposa-t-il, on va voir s’il te reconnaîtra à la voix : je vais passer près de lui à l’écurie, et dès que j’aurai refermé, tu blagueras fort.

Dès qu’il eut fait comme il avait dit. Lisée se mit à parler et Miraut, qui se laissait câliner par Narcisse, dressa l’oreille subitement ; puis ayant écoulé à deux reprises, debout, les yeux brillants, il se précipita violemment vers la porte qu’il se mit à gratter avec frénésie, aboyant et pleurant pour qu’on la lui ouvrît bien vite.

— Ah ! ah ! s’écria en riant Narcisse, il est là et on le reconnaît ! Oui, mon beau, tu vas le revoir.

Et, ayant ouvert la porte, il vit Miraut se précipiter sur Lisée, jappant, pleurant, aboyant, léchant, se frôlant, lui sautant à la poitrine, aux épaules, lui mordillant les doigts, lui mouillant les mains, lui peignant la barbe, battant du fouet, se tordant et se retordant de joie, tandis que son maître, de bien bon cœur, une petite larme au coin des paupières, riait de plaisir lui aussi.