Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/231

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Narcisse, en détail, conta alors comment il avait recueilli Miraut et voulut absolument que son visiteur se restaurât : il avait fait cuire une saucisse à son intention et avait même, en outre, gardé au fond d’une casserole certain fricot dont Lisée tout à l’heure lui donnerait des nouvelles.

Les deux hommes se mirent à table suivis de Miraut qui, maintenant, ne quittait plus son maître d’une semelle et, tout le temps qu’il resta assis, demeura auprès de lui, le museau sur sa cuisse, ne cessant de le regarder et n’arrêtant de lui moduler des tendresses que pour happer au passage des bouts de peau de saucisse et les croûtes de pain qu’on lui jetait de temps à autre.

— Tiens, insistait Narcisse, prends-moi un morceau de ce… lapin.

— Ce n’en est pas un que lu as élevé, remarqua Lisée en se servant. Où l’as-tu rasé ?

— À l’affût, il y a quatre ou cinq jours, du côté de Chambotte : il n’a pas rebougé sur mon coup de fusil.

Là-dessus, les deux compères se mirent à conter l’histoire de tous leurs oreillards de l’année et Lisée en fut amené forcément à parler de son salaud de lièvre sorcier, lequel avait failli porter malheur à Miraut, un brave