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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/232

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chien qui avait d’extraordinaires qualités de lanceur et n’avait pas son pareil pour tenir les bouquins des journées entières.

— C’est rare, des chiens comme le tien, avoua Narcisse avec admiration. Moi, j’ai un petit basset qui ne va pas trop mal ; il est avec mes garçons, sans quoi je te l’aurais montré, mais tu sais, à bon chasseur, bon chien ! Mets ton Miraut entre les mains d’un « calouche », je ne dis pas qu’il deviendra mauvais tout à fait, mais il se gâtera sûrement : pour avoir un bon chien, il faut tuer devant lui et souvent. J’ai connu, moi, un vieux braco d’Auvergnat qui est mort maintenant : il s’était bâti une petite baraque sur le communal et s’appelait Mélo. Jamais je n’ai vu tel écumeur ; eh bien ! mon ami, en fait de chiens, ce gaillard-là n’avait jamais que des bâtards de roquets de rien du tout à qui nul ne faisait attention, les gardes et les gendarmes moins que personne. Ces roquets-là te trouvaient aussi bien les lièvres que n’importe qui : c’est que Mélo savait les dresser. Je me souviens même d’un de ses derniers, un vague roquet tout noir qu’il appelait Vaneau. Un jour, descendant une tranchée tous les trois, son chien, lui et moi, le Vaneau a trouvé un fret et, en rien de temps, il est allé dégoter au gîte le citoyen. Naturellement, il lui a sauté dessus aussitôt,