Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/243

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quit sa femme quelle avait tort, ajoutant qu’au surplus c’était bien fait pour elle et qu’à la place du chien, crevant de faim, il en aurait fait tout autant.

Un autre jour, ce fut une saucisse trempant dans de l’eau tiède au fond d’un pot juché sur un rayon, que Miraut s’adjugea : du moins fut-il soupçonné du méfait, aucune preuve n’ayant pu être fournie à l’appui de cette accusation.

La Guélotte se demandait vainement quels moyens cette grande charogne avaient bien dû employer pour réussir à voler, au fond d’un pot presque plein, la dite saucisse sans jeter à bas le récipient, ni renverser d’eau, ni faire le moindre bruit.

Un pain au lait qui refroidissait sur le rebord d’une fenêtre se contracta tellement qu’il n’en resta pas vestige et Miraut fut bien encore, à bon droit, soupçonné d’être pour quelque chose dans ce vol domestique, car la bonne femme crut remarquer, parmi ses poils de barbe, quelques restes du corps du délit.

Lisée, en toute occasion et par principe, soutenait son chien contre sa femme, mais il n’était plus question maintenant de l’empoisonner ou de le tuer ; Miraut, depuis longtemps, avait de haute lutte conquis au village et dans la maison droit de cité.