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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/245

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casser les reins d’un bon coup de mâchoire. Il en pinça ainsi plus d’un, mais en manqua pas mal aussi, car un lièvre qui n’est pas fatigué ne se laisse pas comme ça passer lardent en travers des côtes.

Sans perdre de temps, si d’aventure il avait réussi, il dépouillait sa proie, lui ouvrait le ventre, léchait le sang, engloutissait les entrailles et continuait à s’emplir jusqu’à ce que la chienne arrivât.

Quelquefois, il faut le dire, cela n allait pas tout seul et Bellone, furieuse, craignant de n’avoir point sa part, reprenait violemment le tout en grognant férocement ; au début, il hésitait à se hasarder à remordre, mais quand il se fut aperçu qu’il ne risquait que de fort anodins coups de dents, il revint bâfrer hardiment avec elle au même morceau. Quand ils avaient pris ensemble le lièvre, ils se mettaient à tirer de toutes leurs forces, l’un à la tête, l’autre au derrière ; ensuite, chacun de son côté dévorait la part qui lui était échue au petit bonheur du déchirement.

Il n’y eut jamais entre eux de grandes batailles, de légers différends tout au plus, des coups de dents un peu secs et des grognements un peu vifs et seulement lorsque la proie n’était pas très grosse. Mais lorsqu’il il y avait beau-