Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/268

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En rien de temps il avait épaulé et fait feu et Miraut, qui ne s’attendait pointé la secousse, sautait tout droit en l’air sur place, des quatre « fers » à la fois,

— Tu l’échappes belle, mon ami, félicita Lisée.

Et Philomen arrivant, il lui montra sa chasse.

— Ces charognes-là, s’exclama-t-il, c’est la plaie de nos chiens. Une fois piqués, ils sont, autant dire, foutus. Non pas qu’ils en crèvent et souvent même on les sauve, mais pas avec de l’alcali ainsi que le racontent ces charlatans de vendeurs de drogues. C’est de la foutaise, leur « armoniac », comme ils l’appellent ; il faudrait, pour que ça fasse effet, et encore, être là tout de suite après la morsure. Et ça n’empêche pas les chiens de perdre tout odorat.

J’ai eu un chien d’arrêt, moi, mordu comme ça, à la chasse : un quart d’heure après, mon vieux, il avait enflé, enflé, tellement enflé qu’on ne lui voyait pas plus les pattes qu’à un cochon gras prêt à saigner. La pauvre bête était insensible à tout. Sais-tu ce que j’ai fait ? C’est un vieux remède et crois-moi, il vaut mieux encore que toutes les saloperies des vétérinaires qui n’y connaissent rien, rien du tout, absolument rien, tu m’entends, et ne sont qu’une bande de jean-fesses. J’ai pris une forte épine, une so-