Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riche vallon de Longeverne, si facile à exploiter, à défruiter, et l’on contempla un instant le paysage.

— Est-ce tondu, bon Dieu ! est-ce rasé, disaient les deux hommes en fixant la plaine aussi loin que possible.

Les chiens, cependant, s’étaient approchés eux aussi et, devant l’espace, reniflaient le vide béant, intrigués de ne rien sentir et de ne rien voir au-dessous d’eux.

C’est que l’œil des chiens ne peut s’accommoder immédiatement, comme celui de l’homme, à la vision à longues distances. Cela se conçoit, l’œil n’est généralement pour eux que le complément du nez ; ce n’est qu’avec une longue pratique qu’ils arrivent à s’en servir convenablement. Comme son nez, en l’occasion, ne lui permettait pas de se faire la moindre opinion, Miraut fut surpris et il le manifesta en lâchant, à tout hasard, une bordée de coups de gueule dont l’accent décelait à la fois de la menace et de la frousse.

Bellone, qui connaissait mieux le pays ou pour qui cette impression n’était plus inconnue ni même neuve, ne l’imita point et l’on continua à gravir le Geys.

Miraut devait d’ailleurs éprouver, au cours de cette journée, bien d’autres étonnements.