Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/283

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D’assez loin, au clair d’étoiles, on apercevait la stature squelettique et triste de quelques frênes dévêtus à côté d’autres qui ne l’étaient pas, ce qui indiquait que, pour une raison quelconque, le garçon avait dû abandonner la besogne commencée.

L’anxiété grandissait : on courait maintenant derrière le chien dont le poil du dos se hérissait et qui bientôt s’arrêta, figé de peur, hurlant plus lamentablement que jamais.

Au pied de l’arbre, l’échine brisée, le jeune homme gisait, la figure ensanglantée par endroits, jaune, cireux, déjà froid, tué dans la chute qu’il avait dû faire. Une branche cassée presque au sommet de l’arbre attestait son imprudence et indiquait l’accident : il n’y avait rien à faire qu’à ramener au village le cadavre. Deux hommes s’en chargèrent qu’on relaya de temps en temps, pendant que les autres pensivement suivaient : ce fut un triste retour.

La vieille et le vieux Baromé n’avaient plus que ce fils : ils avaient déjà perdu leur aîné au régiment où il était mort d’une pleurésie, et leur désespoir fut navrant. Les gens devant leur douleur ne pouvaient retenir leurs larmes et Miraut, lui aussi, témoigna de son chagrin en hurlant, car Clovis le caressait chaque fois qu’il passait devant leur maison.