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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/284

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Ce fut ensuite l’enterrement et peu à peu, sauf pour les vieux, inconsolables, l’oubli fatal ; mais le chien de Lisée, dans tout le pays et aux alentours, s’en trouva grandi. N’était-ce point cette intelligente hôte qui, la première, avait prévenu les gens, qui avait insisté et conduit enfin son maître et les autres sur le lieu du drame et en cette occasion avait en outre témoigné d’une sensibilité dont beaucoup de brutes à deux pattes n’étaient certes pas capables ?

— Miraut, c’est un sacré chien, disait-on, et la Guélotte, flattée tout de même, en oubliait tout à fait de le rosser et de le faire jeûner.

La chasse fut décidément mauvaise cette saison. Les chiens, déroutés par le manque de fret et rendus furieux, poursuivaient tout ce qu’ils rencontraient, même et surtout les chats, les matous, qui, attirés par te beau temps, friands d’oiseaux, s’aventuraient a travers champs et venaient se poster a Fallût au bord des sources, afin de tuer pour leur compte personnel. C’étaient de courtes chasses qui finissaient au premier gros arbre rencontré. Le chat, effaré, grimpait bien vite, se juchait à la deuxième ou la troisième fourche et, de là, regardait de ses yeux verts, ronds et fixes, son poursuivant désappointé.

Les chasseurs venaient se rendre compte et rejoignaient leurs chiens et, quand ils avaient